Du temps, du temps : celui que l'on accepte de prendre, sans penser aussitôt qu'on en perd…

Catherine Bailhache : C'est un film pour lequel, toi tu as commencé a nous joindre très tôt dans le temps, plus de six mois avant la sortie du film, ce qui est totalement exceptionnel. Ça ne m'était pas arrivé depuis des années. Tu nous as contactées et on s'est rencontrés en octobre. On a commencé à travailler en sachant qu’on disposerait donc de six mois, ce qui n'arrive jamais, d'habitude.

Aujourd’hui plus que jamais pourtant, le seul luxe dont on dispose, c’est le temps qu’on se donne. Mais ça, beaucoup l’ont oublié. C'est fini. La plupart des distributeurs indépendants s'y mettent à peine deux mois avant la sortie. Alors que, plus le film est fragile (je n’aime pas ce qualificatif, moi non plus, on va dire « fragile du point de vue du marché ») moins c’est bon pour lui de s’y prendre si tard : il faut beaucoup de temps pour simplement ne serait-ce que le montrer à des gens, qu’à leur tour ils aient le temps d'y réfléchir, de penser, de comprendre comment ils vont s’en emparer, réfléchir aux choses, trouver des écrits, etc...

Thierry Lounas : Mais pour être tout à fait sincère, mon modèle dans ce domaine, vous en avez entendu parler, c'est le Wang Bing A l'ouest des rails. Christophe Caudéran qui est dans la salle pour Lycéens au cinéma avait organisé des séances exceptionnelles du film de Wang Bing dans le cadre du dispositif, notamment avec Antoine Glémain (Atmosphères 53, à Laval et à Mayenne). Pour pouvoir réinventer ce type de coopération, prendre son temps pour un film que j'estime très important, celui d'Albert, il faut se donner le temps très en amont parce que sinon tout le monde va le rater le jour J.

Quelqu’un dans la salle : A l'ouest des rails ça a été un succès, il me semble, non ? C'est aussi l'exception qui confirme la règle.

Catherine Bailhache : Oui. Mais on se demande à quoi c'est dû au bout d'un moment ! Le film lui-même méritait totalement ce qui lui arrivait, c’est un très grand film. Mais, au départ rien ne le prédisposait à un tel succès. Il a réalisé plus de 10 000 spectateurs à Paris seulement, sur une copie, ce qui est une exception notoire : dans les trente dernières années vous ne trouvez ça pour aucun autre documentaire. Il n’a cependant été montré que dans certaines villes de France. Mais partout où il y a eu de la préparation, le film a engrangé un nombre certain d'entrées. Si je me trompe pas, le film a réalisé à Mayenne de l’ordre de 200 entrées, c'est énorme, un film de neuf heures, documentaire chinois, a peine sous-titré.
(Nota bene : allusion au fait que, la première fois que l'ACOR l'a montré à des professionnels, le film n'était toujours pas sous-titré en français, c'est une version sous-titrée en anglais qui a été projetée)

(rires !)

Le raisonnement de l‘action
Honor de Cavalleria

Saison I • épisode 1

20 janvier 2007 à Angers
au cinéma Les 400 coups
et au Centre de Congrès,
dans le cadre du festival Premiers Plans