Honor de Cavalleria/ Références : de Pasolini à Gus Van Sant

Jean-Luc Jousse : Je suis très content d'avoir eu la possibilité de voir ce film, donc merci vraiment au festival d'Angers Premiers Plans d'avoir pris le risque de le proposer au public.

(NDLR : le film était par ailleurs sélectionné hors compétition par le festival Premiers Plans)

Ce qui est évidemment très frappant dans le film, c'est l'omniprésence de la nature et d'une nature sombre, opaque, archaïque, antérieure au paysage. Parallèlement à cette omniprésence de la nature, une « pulsion de culture » traverse ce film. Il y a aussi un certain nombre de références tout à fait lisibles : le Saint Jean-Baptiste de l'Evangile selon Saint-Mathieu de Pasolini (cf. Don Quichotte se faisant asperger d’eau par Sancho dans le creux d’une rivière) ; le mythe de l’âge d’or (Hésiode ). Cette nature, c’est également celle d’Homère, celle sur laquelle se lève « l'aurore aux doigts de roses ». J’ai également été frappé par la façon dont les corps sont tramés dans le décor de la nature : ils sont filmés la plupart du temps au travers de la herse des herbes hautes, ou encore à travers un écran de branchages... ce qui est très surprenant, émerveillant et en même temps paniquant. On peut aussi penser à Renoir, mais la face sombre du Renoir du Déjeuner sur l'herbe. Une dernière remarque : c’est un film sans musique, sauf trois accords, et un rapprochement s’impose avec Last Days de Gus Van Sant (cf. la nature, le bain lustral). Cette « pulsion de culture » dans le cas de Don Quichotte, elle ne débouche pas sur le monde mais sur son monde à lui, sur l'enfermement dans la psychose. L’entrée dans la culture implique le double risque de l’idiotie et de la folie. L’idiot, c’est Sancho. Le fou, c’est Don Quichotte dont l’excès de lectures a déréglé son rapport au monde. Tous les deux sont en quelque sorte échoués dans le décor.

Le raisonnement de l‘action
Honor de Cavalleria

Saison I • épisode 1

20 janvier 2007 à Angers
au cinéma Les 400 coups
et au Centre de Congrès,
dans le cadre du festival Premiers Plans