Permettre au public d'être plus neutre, plus vierge, plus perméable

Christophe Caudéran : De ma place de coordinateur du dispositif Lycéens et apprentis au cinéma, ce qui m'intéresse c'est ce dont parle Cyril Neyrat, c'est ce goût pour la singularité qui me fait agir. Je sais bien que là d'où je suis, ce n'est pas moi qui vais entendre les réflexions des élèves, alors ce que j'essaie de faire, c'est de trouver les relais. Pour un film comme celui-ci, il faut trouver les bonnes personnes qui vont vouloir jouer le jeu et qui vont avoir cette même envie de mettre les élèves face à une œuvre singulière parce que ça participe de leur construction d'être humain. Je suis d'accord avec Isabelle Savignol, les préparer, c'est les aider à lâcher et faire tomber leurs attentes, parce que le problème est souvent là pour le public. On a tous des représentations et des attentes, et si elles ne sont pas satisfaites, il est très difficile de ne pas s’enfermer dans son propre piège, le rejet. La vraie question pour moi, c'est comment permettre au public d'être plus neutre, plus vierge, plus perméable, je n'ai pas la réponse, je la cherche...

(parole dans la salle sans micro)

…Mais moi je ne peux pas les obliger, c'est la personne qui encadre à chaque fois, qui oblige. Le public individuel, lambda, c'est lui-même qui doit s'obliger à aller voir quelque chose. Avec les élèves, c'est le professeur qui va obliger avec beaucoup de bienveillance et qui va les aider avec cette obligation à entrer dans l'œuvre. C'est pour ça qu'il faut travailler avec des gens qui sont au plus proche des publics, qui vont accepter cette prise de risque et de jouer ce jeu-là.

Le raisonnement de l‘action
Honor de Cavalleria

Saison I • épisode 1

20 janvier 2007 à Angers
au cinéma Les 400 coups
et au Centre de Congrès,
dans le cadre du festival Premiers Plans